Bouteilles, fioles et flacons

Pour tous les goûts

Bouteilles, fioles et flacons
Réseau Archéo-Québec, photos : Jacques Beardsell

Des bouteilles au col long et étroit. Des flacons au corps carré ou cylindrique. Des fioles à épaule tombante ou arrondie.

Avec précaution

Les archéologues ont extrait du sol de Place-Royale une multitude de contenants en verre, fragmentaires ou complets. Il a fallu temps et expertise pour documenter chacun d’eux, décrire leur forme et leurs couleurs, découvrir leur provenance ou leur contenu. Vu leur fragilité, la variété et la quantité ne manquent pas d’étonner. Mais, on sait que le verre résiste mieux au passage du temps que le bois ou le cuir.

Fouilles de la maison Dupont-RenaudMinistère de la Culture et des Communications du Québec. Photo tirée de : Picard, François-Dominique, maison Dupont-Renaud (lot 2130). Rapport de fouilles archéologiques, janvier-mars 1974, source no 1118.On y voit des bouteilles in situ.

Fouilles de la maison Dupont-Renaud
Ministère de la Culture et des Communications du Québec. Photo tirée de : Picard, François-Dominique, maison Dupont-Renaud (lot 2130). Rapport de fouilles archéologiques, janvier-mars 1974, source no 1118.
On y voit des bouteilles in situ.

Pour tous les goûts

Selon les époques, le col s’allonge ou se rétrécit, l’épaule tombe ou s’élargit, le corps s’aplatit ou s’évase vers le bas afin de faciliter l’entreposage du contenant et de protéger les contenus. Il y en a pour tous les goûts, pour tous les besoins : vins, bières, spiritueux, eaux gazeuses et minérales mais aussi parfums, baumes capillaires, sirop de gomme d’épinette ou autres élixirs… avec promesse de guérison.

Bien entendu, Place-Royale est place de commerce, on y vend une panoplie de produits nécessaires à la vie quotidienne. Sa collection est un témoin privilégié des modes de vie de la bourgeoisie marchande qui habite le secteur.

La consignation, déjà monnaie courante!

La plupart des vins et spiritueux voyagent en barils ou en bouteilles. En France, jusqu’au 18e siècle, les contenants en verre étant minces et fragiles, certaines de ces bouteilles sont clissées, c’est-à-dire revêtues d’osier.

Sous les régimes français et britannique, chaque maisonnée de Place-Royale dispose d’une quantité souvent impressionnante de bouteilles vides que l’on remplit chez le marchand. La grande quantité de contenants mis au jour témoigne de cette habitude d’embouteillage à la maison d’alcools achetés en tonneau.

Entre 1735 et 1850, des marchands accordent d’ailleurs un crédit pour les bouteilles retournées, les achètent ou les remplissent à la demande des clients.

Bouteilles à vinBouteilles à vin

Sous le Régime français, le vin rouge constitue la plus grande partie des importations, surtout de la région de Bordeaux et le vin muscat aurait eu la faveur des résidents de Place-Royale. Importés en petite quantité, les vins de Graves sont les plus dispendieux.

Bouteille à vinRéseau Archéo-Québec, photo : Jacques BeardsellMaison Paradis. Vers 1660-1710Bouteille globulaire, verre transparent vert foncé, France. Aux 17e et 18e siècles, ce type de  bouteilles contient tout autant du vin ou de la bière que des spiritueux.Dans une autre maison, celle du marchand Perthuis, les archéologues ont découvert pas moins de 72 bouteilles de formes diverses dont le verre est teinté bleu-vert et ou de couleur vert foncé.

Bouteille à vin
Réseau Archéo-Québec, photo : Jacques Beardsell
Maison Paradis. Vers 1660-1710
Bouteille globulaire, verre transparent vert foncé, France. Aux 17e et 18e siècles, ce type de bouteilles contient tout autant du vin ou de la bière que des spiritueux.
Dans une autre maison, celle du marchand Perthuis, les archéologues ont découvert pas moins de 72 bouteilles de formes diverses dont le verre est teinté bleu-vert et ou de couleur vert foncé.

À compter du 17e siècle, le bouchon de liège se généralise. Il assure une fermeture étanche pour la conservation et le transport. Fait d’écorce de chêne-liège, son humidité est maintenue lorsque les bouteilles sont rangées, couchées sur le côté ou suspendues tête première dans des casiers percés. S’il se dessèche, le liège rétrécit et laisse pénétrer l’air dans la bouteille.

Les bouteilles que l’on connaît actuellement doivent leur forme cylindrique au procédé de fabrication par moulage qui se répand à partir des années 1720 et 1730.

Bouteilles à bière et spiritueuxBouteilles à bière et spiritueux

Dans la cave de la maison Dupont-Renaud, les archéologues ont découvert un dépôt de 168 contenants presque intacts, dont 140 en verre. Ce sont surtout des flacons de poche, à cognac et à whisky, qui se transportent plus aisément ou… plus discrètement.

Bouteille à ginRéseau Archéo-Québec, photo : Jacques BeardsellCave de la maison Dupont-Renaud. Vers 1909-1914Verre teinté turquoise, Grande-Bretagne. Cette bouteille porte une marque de commerce connue : GORDON & Co’s. On y représente une tête de sanglier dans un cartouche circulaire ainsi qu’un adulte et deux enfants.

Bouteille à gin
Réseau Archéo-Québec, photo : Jacques Beardsell
Cave de la maison Dupont-Renaud. Vers 1909-1914
Verre teinté turquoise, Grande-Bretagne. Cette bouteille porte une marque de commerce connue : GORDON & Co’s. On y représente une tête de sanglier dans un cartouche circulaire ainsi qu’un adulte et deux enfants.

Ce dépôt de contenants du 19e siècle a un usage domestique. Il constitue un ensemble unique dans la collection de Place-Royale. De ces contenants, 52 % servent à conserver des alcools  et 15 % des eaux minérales et gazeuses.

Parmi les alcools, on retrouve du gin de Hollande, d’Angleterre ou des États-Unis, du whisky d’Écosse ou des États-Unis, du cognac et du vin de France ainsi que de la bière importée d’Allemagne, de Hollande, des États-Unis ou fabriquée localement.

Bouteilles à eau gazeuseBouteilles à eau gazeuse

Aux 18e et 19e siècles, les eaux minérales sont principalement importées de Grande-Bretagne, d’Allemagne, de Hollande et des États-Unis. Elles proviennent de sources naturelles reconnues pour leurs propriétés médicinales. Les eaux gazeuses, imitations de l’eau minérale, sont aussi produites en Amérique du Nord dès le 19e siècle. À partir des années 1830, les fabricants y ajoutent souvent des saveurs variées. Elles sont de plus en plus considérées comme des boissons rafraîchissantes.

Bouteille à eau gazeuseRéseau Archéo-Québec, photo  Jacques BeardsellCave de la maison Dupont-Renaud. Vers 1850-1900Verre transparent, vert foncé, Europe ou Amérique du Nord. Le dépôt de contenants à usage domestique retrouvé dans cette cave est un ensemble unique de la collection. Le rez-de-chaussée de cette maison avait d’ailleurs une vocation commerciale : taverne ou épicerie?

Bouteille à eau gazeuse
Réseau Archéo-Québec, photo  Jacques Beardsell
Cave de la maison Dupont-Renaud. Vers 1850-1900
Verre transparent, vert foncé, Europe ou Amérique du Nord. Le dépôt de contenants à usage domestique retrouvé dans cette cave est un ensemble unique de la collection. Le rez-de-chaussée de cette maison avait d’ailleurs une vocation commerciale : taverne ou épicerie?

Entre 1860 et 1900, l’invention de nouveaux bouchons en métal très résistants à la pression des gaz a permis de commercialiser ces eaux à grande échelle.

FiolesFioles

Un grand nombre de fioles découvertes à Place-Royale témoigne de la vogue des médicaments brevetés dans les années 1880-1900. C’est l’âge d’or d’une médecine où l’on se soigne soi-même avec toutes sortes de formules médicinales brevetées garantissant la guérison de tous les maux. La plupart sont importées des États-Unis. Certaines fioles sont donc remplies d’élixirs, de baumes capillaires…

Fiole à médicamentsRéseau Archéo-Québec, photo : Jacques BeardsellPlace-Royale. Vers 1849-1880Verre teinté turquoise, États-Unis. Inscription : MRS WINSLOW’S/SOOTHING SYRUP / CURTIS & PERKINS / PROPRIETORS.

Fiole à médicaments
Réseau Archéo-Québec, photo : Jacques Beardsell
Place-Royale. Vers 1849-1880
Verre teinté turquoise, États-Unis. Inscription : MRS WINSLOW’S/SOOTHING SYRUP / CURTIS & PERKINS / PROPRIETORS.

La collection compte également un nombre important de fioles et flacons pharmaceutiques qui datent de la période 1750-1900. Elles ne contiennent pas de médicaments brevetés mais des remèdes  préparés individuellement chez l’apothicaire.

FlaconsFlacons

Leurs formes et leurs dimensions sont tout aussi variées que leurs usages : ils contiennent des produits alimentaires, médicinaux, d’hygiène et de toilette. On y conserve notamment des huiles, des médicaments, du citron confit, des câpres tout autant que des eaux de toilette.

À la différence des autres vins, le vin muscat et les eaux-de-vie aromatisées d’herbes telles que le genièvre ou le fenouil sont aussi embouteillés dans de tels flacons.

FlaconArchéo-Québec, photo : Jacques BeardsellLatrines de la maison Perthuis. Vers 1725-1750Flacon carré à goulot étroit, verre teinté bleu-vert, France. Il fait  partie d’un dépôt de 68 fioles et flacons de forme carrée ou cylindrique, à col étroit ou large, mis au jour à la maison Perthuis.

Flacon
Réseau Archéo-Québec, photo : Jacques Beardsell
Latrines de la maison Perthuis. Vers 1725-1750
Flacon carré à goulot étroit, verre teinté bleu-vert, France. Il fait partie d’un dépôt de 68 fioles et flacons de forme carrée ou cylindrique, à col étroit ou large, mis au jour à la maison Perthuis.

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